Interview 2 de J Hérard Richard "Richie" (2 juillet 2007)

Richie est le batteur et le Maestro du groupe Zenglen) 1- Est-ce qu'il y a des thèmes sur lesquels on n'écrit pas (que l'on évite car trop tristes…) ? Je ne suis pas superstitieux, mais des que j'écris sur quelque chose de particulier cela m'arrive. Exemple : lorsque nous avons sorti l'album « Do it right » notre slogan était pèdu fren alors il est arrive ce qui est arrivé à Gracia… Idem pour « Child support ». Un ami (Youri) m'avait demandé de lui écrire un texte sur le sida, je lui ai répondu que je ne le ferai pas, que quelqu'un d'autre s'en chargera mais pas moi.

2 - La collaboration avec Gracia Delva (« Back to the future ») : pour combler un manque (de GD) ou pure stratégie commerciale ? Il existait une certaine tension entre Gracia et moi, que les médias ont pris plaisir à amplifier. Nous ne nous étions pas querellés, nous n'avions pas eu de paroles blessantes l'un pour l'autre. Si cela avait été le cas une réconciliation aurait été difficile. Mais lorsqu'il m'a appelé pour faire la paix, j'ai été d'accord ; il m'a alors invité au concert au Champ de Mars (25 mars 2006). Les représentants de Venus Production étaient présents et nous ont propose de matérialiser sur un support audio ces retrouvailles, c'est de là qu'est né cet album.

3 - As-tu déjà composé pour des femmes ? Elles-mêmes te sollicitent-elles régulièrement ? Oui, elles le font assez régulièrement. Cependant, Zenglen et mes projets personnels ne me permettent pas toujours de répondre positivement. Je suis toujours prêt à aider, mais ce n'est pas évident de trouver le temps. J'ai produit l'album de Sweet Katia, avant même celui de Tah-Pajj *

4 - Es-tu un bourreau de travail ou es-tu tout simplement talentueux ?

Je dirais les deux. Je ne dors presque pas ; je suis toujours à la recherche d'idées, de mélodies. Certaines fois l'inspiration est là, comme de l'eau qui coule, d'autres fois il faut prendre son temps pour chercher.

5 - Possèdes-tu un cahier de type « cahier de chants » ?

Oui. Je ne compose jamais sur l'instant, pour un album. Je le fais à mon rythme et lorsqu'il faut produire un album je sélectionne certaines chansons puis j'effectue les arrangements. L'arrangement est ce qui explique le moment. Il est fait en fonction de la tendance musicale en cours.

6 - Quand une inspiration est tardive (par exemple tu es déjà au lit) et que tu ne veux pas qu'elle soit perdue, que fais-tu ?

Je m'assieds au piano, la joue et l'écris. Dans le cas ou je serais dehors, j'appelle le téléphone de chez moi et laisse la mélodie ou les mots sur ma messagerie.

7 - Y a-t-il un lieu, un(des) moment(s) propice(s) à un certain type d'inspiration ?

Pas vraiment. Ce qui est important surtout pour moi, c'est le silence, le calme ; autrement, l'inspiration peut venir n'importe où. Ainsi « Yo remele » m'est venu alors que je me trouvais dans l'avion qui se dirigeait vers Paris.

8 - A-t-on déjà refusé de travailler avec toi ? (ou refuser une proposition venant de toi ?)

Pas encore. Je ne sais d'ailleurs pas comment je vais réagir face à un refus. Toutefois, je sais que cela fait aussi partie des choses qui peuvent arriver.

9 - Tu es une personnalité de grande notoriété souvent interviewé. Te sens-tu obligé d'être souriant, disponible même quand tu ne le veux pas…ou alors agis-tu comme bon te semble ?

Je ne crâne pas. J'aime ce que je fais. Je considère qu'être demandé par la presse et autre est un privilège, une bénédiction. J'en profite, parce que je suis aussi conscient qu'il y a des artistes qui aimeraient être également sous les feux des médias mais qui n'ont pas cette chance. Je dois donc comprendre et me rendre disponible dès que possible pour ce genre de choses ; surtout sachant que le succès est éphémère. Qui sait dans quelques temps, cela peut être le tour de quelqu'un d'autre !

10 - As-tu tendance à corriger tes chansons lorsque tu les entends après leur sortie ?

Tout le temps. Quand j'entends une chanson des mois après sa mise sur le marché, j'essaie de repenser aux conditions dans lesquelles je l'avais écrite/composée et certaines fois je me sens perdu, dépassé ; j'en arrive à me dire : - C'est moi qui ai écrit/composé cette chanson ???!!!! En fait, on n'est jamais satisfait, car la même chanson sortie quelques temps après aurait un autre accent : 20 fois sur le métier remets ton ouvrage ! Je mets le meilleur de moi-même lorsque j'écris, que je compose, que je produis (c'est là le plus gros du travail – ce que je fais chez moi), mais cela ne m'empêche pas d'y faire des corrections mentalement par la suite.

11 - Sais-tu quel nombre de chansons est-ce que tu as déjà composées/écrites ?

Pas exactement. Une cinquantaine.

12 - A part la musique, qu'aimes-tu tout particulièrement ?

La musique. Le sport (avant j'en pratiquais plus régulièrement, j'avais davantage de temps ; je fais des exercices car la pratique de la batterie demande une excellente condition) ; le sexe (je suis moins obsédé maintenant je l'avoue ; et je dois dire que je ne crois pas que j'aurais été un play-boy si je n'avais pas été musicien).

13 - Arrive-t-il que l'on te trouve égoïste, de par cette omniprésence du travail  ?

Ça peut arriver, mais plus vraiment, dans ma vie de couple. Au début, oui c'était difficile mais avec l'âge, la paternité, les choses évoluent, obligent à modifier sa façon de voir, d'agir. Ainsi, ma fille ne veut pas que je répète à la maison car cela la dérange quand elle regarde la télé !!!

14 - « La vi mizizyen pa fasil » : en quoi selon toi ?

Quand on dit ça c'est parce que lors des soirées les gens dansent et les musiciens auraient aimé être à leur place. Mais cela ne vaut pas pour moi car je ne sais pas danser. Ce qu'il y a de difficile pour moi ce sont les fêtes de famille (St Valentin….) pour lesquelles on n'est pas présent (ça c'est moche !). Il faut, par conséquent, avoir pour compagne quelqu'un qui te comprenne et qui comprenne les exigences de ton métier, autrement cela ne va pas marcher (on ne te fait pas confiance….). Quoique rien ne soit parfait, il y a toujours des bons et des mauvais côtés. La musique c'est chaud, c'est bien, les gens te courent après et quelquefois à la maison ce n'est pas ça. On retrouve un peu cela dans tous les métiers : quand ton boulot marche, ta vie familiale en prend un coup. En fait, tu sais que tu es sur la route du succès quand ça ne va pas dans ton foyer. Lors de ces moments, tu n'as pas le temps pour l'autre ; mais l'expérience aidant, tu chercheras à améliorer les choses.

15 - L'album de Zenglen : où en êtes-vous ? quasiment terminé ? nombre de morceaux ? majorité de toi ?

Les morceaux sont en règle générale en grande partie de moi, mais cette fois on verra ce que les autres musiciens apportent. S'il y a des compositions qui ne sont pas prises par Zenglen, elles serviront de toute façon à mon prochain album. Il y a 10 titres. On voyage tellement qu'on n'a pas le temps de travailler dessus ; c'est la raison pour laquelle sortira peut être un live. De plus, il y a un public qui ne va pas aux bals mais qui achète les cds, et ceux-la veulent entendre Kenny en live.

16 - Une tournée en Haïti est programmée pour le mois d'août : que demande un public haïtien qui diffère d'un public vivant aux USA

Haïti c'est sans commune mesure on doit tout lui donner. C'est là que tout commence. Si ça ne marche pas là, ça ne marchera nulle part. C'est sûr qu'on y vend le moins de cds, mais c'est là que sont les consommateurs. On y est déjà allé avec Kenny. Les gens l'apprécient surtout ceux qui ne l'avaient pas encore découvert.

17- Qu'est-ce que cette nouvelle coiffure ?

Je perdais des cheveux et comme j'en avais assez des locks (que je portais depuis 10 ans) j'ai décidé de faire quelque chose de fou une nouvelle fois. Lorsque nous étions à Paris en juin dernier, je suis passé au salon de coiffure et j'ai demandé que l'on me fasse quelque chose de vraiment laid. La coiffeuse m'a répondu qu'elle ne faisait rien de la sorte. Finalement, je suis ressorti avec cette tête. La réaction des membres du groupe : « ça c'est du culot ! »

    * son premier groupe de Compas

Lana, 2 juillet 2007

Merci à Jean Hérard Richard « Richie »