Itw ALEX BOUCAUD 24 août 2009, Chateaubrun
Le travail du bois : un métier de toujours ou une passion assouvie sur tes temps de loisirs ?
De toujours, mais dissimulé au fond de moi pour resurgir « par hasard ». Un jour, j’avais en mains un ciseau à bois, un marteau et je tapais sur du bois pour m’occuper. De cela est né un totem. Les gens y ont porté de l’intérêt et cela a commencé ainsi. Je n’y croyais pas vraiment, tout en continuant, cependant, à récupérer du bois, à le travailler. Des amis m’en ont acheté, et de fil en aiguille….
Quels types de bois travailles-tu ? lequel a ta préférence ?
Poirier, manguier, cocotier, goyavier, suretier……Chaque bois à son identité. Tous les bois sont nobles. Dès qu’ils sont solides et durent dans le temps, ils peuvent être travaillés. Tout bois est traité avec du xylophène. Le moment de la coupe est important (jamais en lune montante). J’utilise du bois flotté, des troncs que je récupère ; je ne coupe pas car je me dis que si je le fais je devrais replanter au moins cinq arbres, car ils mettent longtemps à pousser. En coupant on devrait penser à demain.
Le bois t’apporte-t-il toujours l’inspiration ou alors il y a des projets qui prennent naissance sur le papier, d’une image, etc ?
Je ne dessine jamais auparavant. En regardant bien le tronc, on peut observer que celui-ci possède des éléments qui peuvent aider (exemple Le phasme). Il faut prendre le temps d’écouter le matériel, qui n’est pas froid. On a également des sentiments en nous, qui nous parlent.Je ne peux donc faire une production sur commande, c’est impossible. Je préfère créer ce qui vient de mon imagination. Je travaille à l’instinct, en direct.
Comment en es-tu venu à utiliser une tronçonneuse ?
La Tronçonneuse est un instrument rapide (instantané) pour tracer des idées sur le bois (c’est long avec le maillet et le ciseau à bois).
Utilises-tu d’autres outils que la tronçonneuse ?
Tout outil est acceptable, dès qu’il permet de mettre en valeur le bois. Le ponçage se fait à la main (râpe, papier à grain)
As-tu un lieu d’exposition permanente ?
Mon atelier est ouvert du mercredi au dimanche de 9h à 12h et de 14h30 à 19h et se trouve à Chateaubrun, Sainte-Anne, Guadeloupe.
Tes œuvres se touchent avec les yeux uniquement ou aussi avec les mains ?
Il faut les toucher. Le bois porte chance ; il a des énergies ; il faut s’en accaparer.
Tes œuvres ne sont-elles que d’une seule pièce de bois ?
Certaines fois. Mais, c’est aussi bien de marier ; de métisser les objets.
Chaque œuvre est-elle nommée ?
Oui. Ainsi Kiltirel est un personnage-main incitant à ne pas laisser partir à la dérive notre culture. Espoir, personnage au tambour, porte derrière la tête une flamme synonyme d’espoir. Il faut continuer à donner un biberon culturel au peuple. Diablos est ce contre quoi on doit lutter. Gaston est ce bonhomme nonchalant aux mains dans les poches, au sourire en coin.
Ne ressens-tu pas comme une perte le don, la vente d’une œuvre ?
Celle-ci fait partie de moi, certes, mais il ne faut pas être égoïste, il faut donner pour apporter du bonheur, créer des liens.
Qu’est-ce qui surprend le plus, selon des remarques qui t’ont été faites, celui qui voit ton travail ?
La réaction des gens, c’est : « Waouu », « chouette ! », « cela sort de l’ordinaire ». Il n’y a pas d’agressivité dans ce que je fais. Je préfère le partage. L’art c’est donner et les gens me le rendent bien. En donnant on n’obtient que du positif.
Quelles rencontres t’ont marquées ?
La rencontre avec chacun. Des élèves qui sont venus me voir ont beaucoup aimé Stan ; c’est le poète des enfants : ils ont envie de le prendre de le toucher.
Qu’est-ce qui te manque dans cet art ?
Rien. Je ne pense pas qu’il me manque quelque chose. C’est magique.J’espère, bientôt, faire de ce lieu un espace identitaire pluriel, au sein duquel les visiteurs pourront s’exprimer, échanger…
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