En tête-à-tête avec ... Jean Elie Telfort « Cubano » (Skah Shah #1)
1- Quel mot résumerait votre carrière ?
Chanteur.
2 – Joindre un autre groupe ne vous a jamais tenté ?
Non, pas du tout. J'ai peut-être voulu évoluer individuellement, mais jamais intégrer un autre groupe.
3 – Quel(s) groupe(s) de compas « nouvelle génération » mériterai(en)t une carrière aussi longue et riche que SS ?
Me viennent d'abord en tête : Zenglen, Nu Look, T-Vice ; mais il y en a d'autres tout aussi valables.
4 – Coulez-vous des jours heureux ?
Je n'ai pas à me plaindre de ma vie actuelle, je crois en Dieu, je crois qu'il s'est toujours tenu à mes côtés. La perte de mes parents a été difficile, mais en dehors de ça tout va pour le mieux. Je fais du sport fréquemment (tennis, foot, natation) ; il ne me restera plus qu'à me lancer dans la cuisine gastronomique dès mon retour aux Etats-Unis !
5 – Votre amour pour les musiques latines, vient-il d'une mode qui était en vigueur à une époque ?
D'où je viens (Port-de-Paix au nord-ouest d'Haïti) on est proche de St Domingue et on arrive à capter des émissions radiophoniques venant de Cuba. Par conséquent, tout jeune j'ai toujours baigné dans ce style musical ; j'écoutais Celia Cruz, Daniel Santos…J'ai été influencé, bercé par la musique latine.
6 – Vous laissez-vous inspirer ou travaillez-vous certains thèmes, pour l'écriture des chansons ?
Un peu des deux. Ainsi, certaines de mes chansons célèbres la beauté : « Maria », « Caroline », « Bel ti machann ».
Sur le prochain album de Skah Shah, j'ai écrit un peu dans la même lignée : « Like no other » (en anglais), « Padoném ».
7 – A ce stade de votre carrière, avez-vous encore des projets à réaliser ?
Quand on voit Mick Jagger…on se dit que bien des choses sont encore possibles. Je peux arrêter la scène, mais pas la musique. J'ai la musique dans le sang, je suis né avec et je mourrai avec. Par ailleurs, j'ai ma guitare, mon piano, mon studio… donc je ne quitte pas ce domaine. Je souhaite rester dans le milieu en produisant des jeunes par exemple.
8 – Quelle rencontre avec un fan a été spéciale ?
Celle avec Caroline. Elle était différente, d'où la chanson qui a vu le jour.
9 – Que signifie Skah Shah ?
En fait, il y avait la formation de base des Shleu Shleu qui a émigré vers les Etats-Unis ; leur succèderont les Shleu Shleu d'Haïti ; mais eux également, seront attirés par « l'Eldorado » américain. Arrivés là-bas ils ne peuvent jouer sous le même nom que leur prédécesseur, et trouvent dans le dictionnaire « Ska Cha » qui signifiait « petits rois africains ». Ils le transformeront en Skah Shah, afin de garder les initiales qui leur étaient chères. D'ailleurs, sur leur 1er album « Guepe pangnol » sous le nom Skah Shah on trouvera : ex Shleu Shleu.
Le « #1 » a été ajouté après le succès de « Haïti ». A vrai dire, le groupe avait cherché à se démarquer de l'original Shleu Shleu, par sa façon de jouer, par le son du saxophone ; et après cette chanson, il y avait eu un tel retour de la part du public qu'ils ont adjoint ce symbole à leur nom.
11 – Vous intéressez-vous à la politique ?
Non
12 – A quand un 3ème album solo ?
Peut-être pour décembre. J'ai envie de chanter des chansons de Noël. Un album solo, c'est une évolution, une fenêtre ouverte sur un autre côté de l'artiste : je peux ainsi faire d'autres arrangements (sur l'album « Essence » : les arrangements sont de style « cubain »). Avec Skah Shah c'est du kompa, l'album personnel c'est proposer ses choix, sa propre vision ; on ne cherche pas forcément à plaire au public. Et celui-ci a aimé l'album donc tant mieux).
13 –Vous êtes-vous déjà rendu à Cuba ?
Non, jamais et à regrets. Mes parents y vont, me ramènent des produits de là-bas, mais je n'y ai jamais mis les pieds.
14 – Est-ce que les musiciens de la jeune génération demandent des conseils quant à l'interprétation, la façon de mener une carrière ?
Non, je crois qu'ils sont bien informés et qu'ils ont appris des chemins tracés par des groupes tels Skah Shah # 1, Tabou Combo…
15 – Y a-t-il un interprète dans la jeune génération dont vous appréciez la voix ?
Il y a Arly Larivière ( Nu Look), Gracia Delva (Mass Kompa)…
D'autres notes :
Le travail de la voix est important, il ne peut être négligé par un chanteur. Les exercices se font surtout pour les notes aigues. Sous la douche, il y a toujours une petite chanson à fredonner.
Skah Shah est toujours présent (32 ans en 2006) grâce à une discipline, à l'amour du travail qui règne au sein du groupe ; c'est un rêve qu'on a en commun. Nous sommes une petite famille, nous sommes des frères. De plus, les succès qui jalonnent le chemin de l'orchestre soudent également l'équipe (ce qui n'aurait peut-être pas été le cas si ils avaient connu des échecs….).
Un souvenir mémorable : les 15000 personnes au Stade de Dillon en ce mois de juillet 2006. Un travail remarquable quant à la promotion médiatique.
Lana4 pour AntillesCompas le 03 août 2006
Comments