En tête à tête avec Dener Ceide
(Itw, Lana4, Guadeloupe, 15 août 2008)
PORTRAIT
Jour, mois et lieu de naissance ?
21 novembre
On dit « Dener ? Déner ? Ceide : avec un accent sur le e ?
Je m'habitue aux deux (prénoms) et pas d'accent sur le « e » de Ceide
Etudes
en Haïti de la maternelle au lycée
Quelle autre casquette portes-tu, hormis celle de guitariste ?
Je chante, compose, arrange, produis, je joue de divers instruments. Je touche à tout ce qui concerne la musique.
Joues-tu d’un autre instrument que la guitare ?
Je peux jouer de la basse, des congas, de la batterie, des percussions, du piano. Je ne suis pas pianiste, mais j’en joue, je me débrouille. C’est pas comme la guitare. Quand je compose j’utilise le piano.
As-tu une marque favorite, un modèle fétiche de guitare ?
Cela dépend du style. Pour du compas, du blues, du rock j’aime la fender stratocaster ; pour du jazz je prends une Ibanez (que j’adore) de signature Georges Benson. Je suis à l’aise en concert avec la Fender ; chez moi c’est l’acoustique.
Tu joues dans quasiment tous les styles (jazz…), y en a-t-il un que tu affectionnes plus qu’un autre ?
Yeah. J’aime le World Beat Music (compas, rythmes africains..). It’s like mixtures. J’aime les mélanges, mwen annuyé fasil. J’aime la créativité. J’adore le compas mais je pense que j’ai beaucoup d’avenir, je peux mieux m’exprimer dans le World Beat. J’aime m’adapter à des choses nouvelles. Je sais m’adapter.
Aimes-tu autant interpréter que jouer ou la guitare à ta préférence et de loin ?
Yeah. Le chant pour moi, des fois, a une signification profonde. Je peux pénétrer le cœur des gens avec ma guitare mais quand on dit les choses avec une mélodie c’est quelque chose que tu ressens au plus fort.
Pourquoi ne chantes-tu pas plus souvent ?
Je chante, je chante (rires). Je chante dans Tabou Combo ("Chelbè").
Personnalité : quelles qualités te caractérisent ?
(Longue pause réflexive) J’ai beaucoup de tics. Quand j’aime quelque chose je voudrais que ça soit parfait. Je suis perfectionniste dans un sens et c’est un peu la raison pour laquelle mon album n’est pas encore sorti. J’aime être satisfait des choses. Je suis difficile à plaire et à me plaire. Je connais plus mes défauts que mes qualités.
Quels sont tes défauts alors ?
« Piki ». J’ai tellement de défauts que je ne sais par où commencer. (N.b. Je suis toujours en attente de la suite.)
Que considères-tu chez toi comme un talon d’Achille, une faiblesse (dans le domaine de la musique) ?
Oh je suis trop sentimental. Je suis fragile de cœur. Par exemple, hier Shoubou a fait une fête pour l’anniversaire de Kapi pour lui montrer comment il l’apprécie et ce geste m’a touché, m’a fait monter les larmes aux yeux. J’aime les choses profondes, qui ont une signification qui viennent du cœur. Certaines fois, je devrais être plus ferme, plus fort, car cela m’affecte, affecte ma vie. Pourtant, c’est aussi un cadeau, quand je compose, quand je joue. Je suis un peu catégorique des fois.
DU COTE INTERNATIONAL
Comment et depuis quand en es-tu arrivé à tourner avec le groupe jamaïcain de reggae Inner Circle ?
Cela a été une bonne expérience, mais j’ai arrêté de tourner avec eux il y a longtemps. Je travaille avec des artistes américains. Je viens de finir de jouer sur l’album d’une artiste que produit Missy Elliot, qui va faire du bruit.
Pourquoi es-tu avec Tabou Combo ?
Pour plusieurs raisons. J’aime Tabou Combo et j’aime mon pays. Quand Ralph a laissé le groupe pour rejoindre New Look, je me suis dit pourquoi pas. Tabou Combo c’est comme un patrimoine national. On doit protéger ce patrimoine. J’y suis à l’aise ; ils ne jouent pas le Compas comme les autres. Ils sont créatifs et me laisse m’exprimer. Je m’adapte à leur style que je respecte. La musique c’est la musique.
DES COLLABORATIONS
« Première danse » de Nickenson Prud’homme : une collaboration issue d’une amitié ou est-ce simplement un travail à la demande ?
Nicky c’est un ami de longue date. Nous sommes deux innovateurs. On a voulu créer quelque chose, on voulait essayer quelque chose. Nous avons une très bonne harmonie. Pour moi c’était vraiment le plaisir de jouer de la musique et de composer des belles chansons.
« Déception » : une histoire vraie ?
(rires) ouais. C’est un ami à moi qui a vécu quelque chose. J’en parle dans cette chanson.
« Déception » : Cette chanson t’a-t-elle fait connaître un peu plus au niveau du public selon toi ?
Je ne sais pas, je ne pense pas. Quand on ne chante pas, on ne sait pas que l’on est l’auteur-compositeur de la chanson. Sauf quand Nicky le mentionne. Je pense que le public reconnaît le chanteur : N. Prud’homme. On me reconnaît quand je joue, quand je chante moi-même. Je pense que certaines personnes m’apprécient, apprécient mon style. Je ne pense pas qu’ils ont une raison particulière de le faire. C’est ma « vibe ». Certains me suivent parce qu’ils pensent que j’ai du talent. Selon moi, je n’ai rien fait de « wow » ; je ne me vois pas comme quelqu’un qui a fait « quelque chose ».
« Fété » : l’inspiration est-elle due en rapport avec un souvenir d’enfance ? avec un lieu particulier ?
C’est comme un rêve de ce que je voulais vivre et que j’ai décris. C’est personnel. Je suis vraiment personnel avec ma musique. Il est très rare que j’écrive quelque chose qui n’est pas en relation avec ma vie. Dans « Fété », il y a un peu de vérité, de réalité car j’ai vécu en Haïti où j’ai passé de très bons moments pendant les vacances. J’ai voulu mettre en mots ce que je voulais vivre en Haïti.
Une chanson favorite sur « Première danse » ?
« Mélodie », car dedans j’y ai fait un skat, un moment sacré pour moi parce que j’ai trouvé quelque chose qui m’a touché, dans le solo. Elle me fascine.
« Ur secret » (2007-en collaboration avec N. Prud’homme) : paraîtra sur ton album ?
C’est sur l’album de Harmonick ! Harmonick c’est comme mon bébé. Si il y a 14 titres sur le cd, il y en a 10 sur lesquels je suis auteur, compositeur, arrangeur. Harmonick, c’est vraiment le bisness de Nickenson mais le concept on l’a travaillé ensemble car Nicky c’est mon ami. Je voulais qu’il soit « bien emballé », satisfait. Je suis très souvent auteur ou co-auteur de Nicky.
Coûtes-tu cher ?
Je suis un artiste avant tout. Bien sûr l’argent importe : si j’aime quelque chose je peux le faire gratuitement ; de même que je peux demander beaucoup d’argent. Cela dépend aussi de la personne avec qui je travaille. Ce qui est primordial c’est que je dois aimer.J’avais l’habitude de travailler avec des gens juste pour faire de l’argent mais ça n’a pas marché. Il faut ressentir et aimer ce que l’on fait.
PLANS DE CARRIÈRE
Toi et le Compas : si cela va bien sur la scène internationale, est-ce utile de faire du Compas ?
Je ne sais pas. Mon rêve est d’emmener le Compas plus haut, plus loin. Je suis sûr qu’un jour je vais être reconnu internationalement. Je suis sûr qu’un jour je vais jouer dans des milieux différents ; j’irai loin je le sais, mais je continuerai à jouer du Compas, c’est la musique du terroir.
Album solo : est-ce un projet pour bientôt ? quels sujets ? présence d’instrumentaux ? des influences multiples ? toutes les interprétations de toi ?
Je suis très pris. Mes musiques sont là, il faut simplement finaliser les choses. Je ne veux pas que mon album soit distribué avec une bonne promotion. Je vise aussi la pénétration de d’autres marchés (anglais, africains…). Je cherche toujours à faire des contacts avec des gens qui peuvent m’aider. Mon album ne sera pas uniquement compas car j’ai subi diverses influences. J’aime les défis, j’ai un rêve, c’est pour cela que j’ai refusé bien des offres qui m’ont été faites (y compris Harmonick). Je n’aime pas être restreint, enfermé. J’aime être moi-même à 100%.
Un « Compas-reggae » te tenterait ?
Non. J’ai essayé au début de « Jéré’m ». Je voulais essayer d’intégrer le concept reggae.
Et si au cours des mois à venir c’était ta voix, au détriment de ton talent de guitariste, qui était mise en avant, cela serait-il une déception pour toi ?
Non. Je me sens à l’aise en chantant comme un joueur. J’aime chanter, j’aime jouer, j’aime la musique.
Quels seront les prochains faits marquants pour toi ?
Je travaille sur la production de l’album de Tabou Combo. Ils m’ont appelé pour y toucher une touche nouvelle.
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