Interview de Jocelyne Labylle (12 octobre 2007)
- Lana
- 27 mars 2020
- 5 min de lecture
De passage à St Martin pour une prestation le 12 octobre 2007 au Wish Club, Jocelyne Labylle répond à quelques questions sur sa carrière, sa vie.
- Tu sors d'un second duo "J'aimerais te revoir" avec T-Vice (Le premier étant "Toujou la") pourquoi avoir bissé ?
Il y avait une forte demande dans la communauté haïtienne et en outre, je me sentais de plus en plus intégré au sein de T-Vice avec qui j'ai fait énormément de scènes aux Etats-Unis, en France, en Haïti. C'était bien et sain d'y évoluer, donc pourquoi ne pas recommencer l'expérience une 2e fois voire une 3eme. C'est une aventure qui me plaît énormément en fait.
- Les duos musicaux sont un style que tu affectionnes particulièrement ?
J'adore les featuring car j'aime partager la scène, même si je suis quelqu'un de très réservé mine de rien. Il y a un courant qui passe lors de ces échanges scéniques qui me plaît énormément et je le fais avec coeur. Au début de ma carrière, j'ai intégré en tant que choriste Zouk Orchestra dont l'objectif était d'accompagner les stars. J'ai tout le temps besoin de me sentir entourée. J'ai de nombreuses collaborations à mon actif dont celle avec Wyclef Jean et la prochaine avec Carlo Vieux de Carimi. J'ai eu le privilège de côtoyer de nombreux artistes et dans la musique je fais ce que j'ai envie de faire et non en suivant les directives d'un staff. Je rencontre un artiste avec qui j'ai certaines affinités, une sensibilité acoustique, alors on travaille ensemble.
- Est-ce une autre façon de travailler entre les albums ?
Oui aussi. Je trouve également dommage de me rendre souvent en Afrique, par exemple, et de ne pas procéder à une collaboration avec un groupe local. Ces rencontres musicales ont l'avantage de permettre des échanges et de populariser sa propre musique. Ce sont des enrichissements permanents pour moi...c'est évoluer dans d'autres styles de musique.
- Hormis le zouk et le Compas, quel autre style de musique as-tu intégré ?
Zouk, Compas, Rnb, africaine... j'ai tout fait.
- Que dire de ta carrière ?
Elle retrace toute une période de rencontres. Pour moi, il est important d'avoir des personnes-clefs avec qui travailler. Mon prochain album, qui sortira en décembre, sera marqué justement par ces artistes avec qui j'ai eu l'opportunité de collaborer (Jocelyne Béroard, Jean-Philippe Marthély....).
- Aborder ces artistes en haut de l'affiche est-ce facile ?
Ce n'est pas simple. A mon début de carrière mon but était de me faire connaître, de faire connaître ma chanson de l'époque : "Quand tu veux". Et Dieu merci, le succès a été au rendez-vous. Mais, c'est parce que j'avais exigé de mon producteur que Jacob Desvarieux réalise mon album. Cela a été le cas, et c'est ainsi que j'ai mis le pied à l'étrier. Puis, un jour Passi m'a proposé de faire un morceau sur "Dis-leur 2 Zouk" et là j'ai invité Jacob. Ma notoriété s'est installée ce qui a poussé d'autres artistes à me faire confiance. Je dois aussi dire que je m'entends super bien avec tout le monde ce qui est gage de bonnes relations humaines.
- "Je reconnais" : t'es-tu impliqué dans le scénario du clip de cette chanson ? Le tournage a-t-il été difficile ?
Oui. Il y a eu toute une polémique lors de la sortie de ce clip : les gens trouvaient que j'étais trop sexy au cimetière. J'ai été vraiment égoïste en ce qui concerne ce clip qui appartient à ma mère et à moi. Ma mère était quelqu'un de festif, d’exubérant qui aimait vivre, qui m'a toujours encouragé dans mon métier. Il était important pour elle, que je reste une artiste, car je vis aussi ce rêve qu'elle n'a pu, elle, mener à bien. Le jour du tournage était pour moi, une visite, un hommage au cimetière en ce jour de Toussaint. J'ai vécu un moment assez magique et si grand, tant pis si j'ait fait "parler les gens".
- Beaucoup de tes textes portent sur le quotidien de tout un chacun : est-ce voulu ?
Oui dans une certaine mesure, mais c'est aussi spontané. Souvent, je dis tout haut ce que les gens pensent tout bas et ont envie d'entendre. L'important pour moi est d'avoir des choses à dire aux autres et qu'ils se sentent concernés.
- Sur ton album "Ma petite lumière" il y a un hommage à Coupé Cloué, pourquoi ?
C'est un artise qui a marqué son temps. Mes parents n'arrêtaient pas de le jouer, j'ai grandi avec. J'aime beaucoup les Haïtiens, Haïti ; c'était important pour moi de rendre cet hommage "à ma sauce" ne serait-ce que pour ma famille.
- Sur scène, est-ce primordial pour toi, en tant que femme, d'être sexy, de porter des vêtements moulants, courts... ?
Pour moi, être femme c'est être bien dans sa peau, ne pas se mentir à soi-même, faire ressortir sa personnalité quels que soient le regard, les opinions des autres. Moi je suis une femme qui aime la mode, les belles choses, j'aime être sexy, être classique, j'aime jouer à la maman... je me retrouve dans toutes les catégories de femmes. Les femmes disent souvent qu'elles vieillissent, moi je dis chaque chose en son temps. La vie est simple : il y a un temps pour vivre ses 18 ans, un temps pour vivre ses 40 ans... Moi j'ai toujours été impatiente d'arriver à certains âges, j'ai toujours été à l'aise dans ma peau. Sur scène, je ne cherche pas à être quelqu'un d'autre, je suis moi. Un jour je peux mettre une tenue osée, une autre fois venir en jean...c'est selon mon humeur.
- Tu as une longue carrière derrière toi : quelle est ton eau de jouvence ?
Je suis très spirituelle, je prie énormément. Je tâche de faire la part des choses entre ma vie privée et mon métier. Ma vie est plutôt saine : je fais du sport, je vais à l'église le dimanche, je participe aux réunions de famille, j'adore la plage, je vais chercher mes neveux et nièces à la sortie d'école, je ne bois pas énormément, je ne fume pas... j'ai une vie très simple. Les paillettes c'est pour le travail.
- Tu n'as pas d'enfants, parce que tu n'en as pas le temps ou tu n'as pas la tête à ça pour le moment ?
Je suis très exclusive, si j'ai un enfant il faudra que je lui consacre tout mon temps, tout mon amour (pour éviter, notamment, d'être confrontée aux problèmes que vivent certains parents aujourd'hui : violence, délinquance, drogue...), ce qui signifie qu'il me faudra faire un break. De plus, il faut la bonne personne, car l'homme avec qui j'envisagerai d'avoir un enfant devra être responsable, sera à même de lui inculquer de bonnes valeurs. Avoir un enfant cela se mérite, tout en sachant qu'on ne maîtrise pas demain (on peut se quitter). Sinon, je ne fais pas d'enfant, je garde mon chien !
- La mode : tu suis ce qui s'y fait ?
Il est vrai que je suis une "fashion victim", mais je suis aussi très attachée à ma culture : j'adore la robe créole, le madras. Mes stylistes sont : Denis Devaed, Sylviane Gody. Scéniquement, ils font en sorte que je sois toujours bien mise.
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