En tête à tête avec... Joe Charles (Nu Vice)
La « saga » de Joe, né un 22 février, commence par quelques mots sur son père – un modèle pour lui- : un homme qui n’est pas musicien (il ne connaissait que 3 accords) mais qui est habile de ses mains (cartographe dans la vie professionnelle, électricien, bricoleur... à la maison), toujours soucieux du bien-être de ses enfants, les encourageant sans cesse. Il concevait des jeux à leur intention, avec des matériaux de récupération : leur maison était le lieu de rendez-vous des amis des enfants. C'est peut-être là qu'on doit chercher le fait que ses enfants seront plus tard des autodidactes quant à la musique et aussi habiles de leurs mains (Joe construira lui-même ses studios d'enregistrements !).
Lorsque son grand frère, âgé de 10 ans, entre dans un orchestre, Joe le suit partout.
Au départ il s'intéresse surtout aux percussions : tambour, cloche... Il ne se laissera tenter par la basse que vers l'âge de 13 ans (la guitare lui avait été offerte par son frère aîné) quand il arrivera aux Etats-Unis. Il fera alors, partie d'un groupe familial (avec son frère, des cousins) qui accompagnera des musiciens américains de jazz. A la maison, on écoute surtout du classique (dont son père était friand). Joe n'intègre pas encore la musique haïtienne.
En 1977, voit le jour un projet « disco-compas » auquel Joe participe. Dès lors, il ne cessera d'être sollicité par les différents producteurs haïtiens.
"Ouaganeges" (qui signifie : colibri) : son premier groupe de compas composé de musiciens de System Band.
Vers 18-19 ans, il accompagne des chansonniers : Léon Dimanche, Antilles Desrozes...
A 23 ans, il rencontre Jacques François, ex trompettiste de System. C'est la naissance de Tropical Combo, et l'expérience compas qui s’accumule.
En juillet 82, Joe est de retour en Haïti, après 13 ans d'absence. Il collaborera au second album de Zéklè.
Il devient artiste professionnel en jouant dans différents groupes, en travaillant avec des artistes à leurs débuts : Beethova Obas, Emeline Michel, Claudette et Ti Pierre, Skandal, Webert Sicot, Caribbean Sextet, Les Frères Desjeans, Tabou Combo, Skah Shah, Nemours Jean-Baptiste, Guy Durosier... pour ne citer que ceux-là, car la liste n'est pas exhaustive!
Il enregistrera le dernier album de Lakol « Something special ».
Novembre 1989 : lors d'un concert avec Daniel Thermidor, Robert Martino prend ses coordonnées. Par la suite, il le contactera pour participer à l'album « Top Digital » de Top Vice.
Ainsi débute l'aventure Top Vice !
Ses bagages seront désormais déposés à Miami.
Quelques questions :
1 – Et si c'était à refaire ?
Oui, sans hésiter ; il n'a aucun regret. Il a beaucoup voyagé (les Etats-Unis, le Canada, l'Europe, les Antilles, l'Afrique) a bien roulé sa bosse !
2 – Un souvenir?
Tout a été mémorable, mais Joe se rappelle de ces fois où il a joué gratuitement pour des prisonniers à New York, quand il accompagnait Gwenn Coburn
Il en a vu passer des artistes !
De John Doane (de Skandal et décédé récemment), il dit : c'était le Quincy Jones haïtien !
3 – Des différences entre la musique d'avant et celle d'aujourd'hui ?
Il y avait plus de créativité avant : les accords n'étaient pas les mêmes d'un bout à l'autre d'un morceau, les mélodies se mariaient avec les paroles.
Lana4 pour Antilles Compas, le 20/07/06
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