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Interview de Kenny Desmangles (19 février 2007)

Lana

•  Qui est Kenny ? (jour et mois de naissance, carrière)

Je suis Kenny Desmangles, chanteur, venu au monde un 28 novembre. Je fais actuellement partie du groupe Zenglen.

Je fais de la musique, je chante depuis tout jeune, depuis Haïti où je suis né. La musique, je dirais qu'elle m'a choisi, je suis « né musique ». Il y en a toujours eu dans mon environnement proche. Ma grand-mère aimait la musique quand elle mettait la radio j'entendais Frères Dejean, Skah Shah, Tabou Combo…Et comme je viens du nord d'Haïti (région du Cap) j'écoutais également Septentrional, Tropicana.

Vers l'âge de 12 ans, mes parents partent s'installer à New York et c'est là que tout commence. Ma mère m'emmenais à l'église tous les dimanches et m'avait inscrit aux activités proposées : la chorale, la danse…. J'ai formé mon premier groupe avec des amis comme Woody Appolon qui jouait du clavier. Mais j'ai du y mettre un terme assez tôt, à cause de l'école.

Par la suite, j'ai intégré le groupe Seewell avec lequel j'ai enregistré l'album studio Zépon qui n'a pas eu de grands succès certes, car là encore nous étions des amateurs (j'étais toujours à l'école), mais avec lequel j'ai réalisé bien des prestations (à New York avec Tabou Combo, Zin, System Band). Ce groupe Seewell était composé entre autres de Gérald Kebreau (bassiste de T-Vice) et de Ralph Ménélas (ex Zenglen, ex 509). Après quelques années, cette formation aussi s'est éteinte. J'ai alors travaillé en studio avec des artistes/groupes tel Alan Cavé, Zin, Zshéa, Gary Résil, Fanfan Tibot…

Et un jour, je reçois un coup de fil me demandant de faire partie de New York All Stars. En fait, NYAS était avant tout un projet studio et non un vrai groupe. Le public avait bien perçu le 1er album, il a voulu l'entendre en live, d'où la formation du groupe et le fait qu'on fasse appel à moi aux côtés d'Armstrong. Puis, avec Armstrong Jeune, Makarios Césaire, Welmyre Jean-Pierre, Yves Abel, Sheddley Abraham on travaille en studio et on enregistre l'album "Pou la vi". Sur cet album j'ai écrit, composé des chansons comme "Ou ka di'm sa", "Pou la vi", "Nap fè yo sézi", "One more chance" (ces deux derniers ont été des tubes). A cette époque, NYAS était l'un des meilleurs groupes et "Pou la vi", l'un des meilleurs albums. On a tourné en Haïti, à Miami… Mais après un an et demi, j'ai éprouvé le désir d'aller vivre à Miami (où je me rendais déjà souvent) où le climat était plus agréable (je vivais à New York depuis un certain temps déjà). Là-bas, j'ai repris contact avec mon ancien camarade, Ralph Ménélas qui avait déjà quitté Zenglen. On a commencé à travailler sur un projet qui au départ devait être un album Ralph/Kenny et qui finalement a donné naissance à 509. Le 1er tube a été "Fake". Cela a continué jusqu'à fin 2006, jusqu'à Zenglen. 


•  Es-tu parfois nostalgique de l'époque NYAS ? Si oui qu'est-ce qui te manque, qu'est-ce que tu aurais aimé retrouver ?

Quelquefois oui, j'y pense. C'était une merveilleuse époque. Surtout pour ce qui est de l'enregistrement de "Pou la vi", parce qu'on s'amusait tout en travaillant. Parfois ces moments me manquent.


•  Et si NYAS était à refaire, le referais-tu ? 

Si je ne faisais rien, si je ne faisais partie d'aucun groupe et s'ils voulaient faire repartir le groupe, peut-être que oui. Cela a été une grande expérience pour moi, car j'ai beaucoup appris de ces grands musiciens. Cela a fait de moi un meilleur musicien, m'a permis d'accroître ma confiance en moi.


•  Pourquoi selon toi 509 a-t-il été à la traîne ?

Je ne sais pas, je ne comprends pas. Peut-être est-ce du côté de la promotion ou du management que cela a pêché. En ce qui me concerne, je sais que j'ai fait tout ce qui était en mon pouvoir pour que cela aille. Et on ne peut pas dire que c'était un problème de compositions, de textes. Les albums avaient des tubes, le public était positif lors des performances (Martinique, Boston, New Jersey, Canada, Haïti, France…)


•  Quel type de chanson est plus difficile, plus long à écrire : une chanson rythmée comme "Kago kompa" ou une plus douce comme "One more chance" ?

Cela dépend de la façon dont vient l'inspiration. Pour une chanson comme "One more chance", je voulais toucher le public donc j'ai pris mon temps. Il y a des parties qui étaient déjà écrites et il y en a d'autres qui sont venues après coup.


•  De quel(s) instrument(s) joues-tu ?

Un peu de piano. J'aime le piano. C'est un instrument obéissant. Je compose en jouant au piano. Je joue aussi un peu de batterie, de percussions, juste un peu.


•  Comment ou pourquoi "Domestic Violence" ? Qu'est-ce qui t'a décidé à écrire à propos de violences conjugales ?

Il y a beaucoup de cas de violences conjugales dans la société dans laquelle nous vivons. Je n'approuve pas un homme qui frappe une femme. Je ne le fais pas. J'ai des sœurs. Je condamne tout homme qui agit de la sorte. Selon moi, une femme est une fleur qui doit être arrosée, caressée. Je souhaite vraiment que les gens fassent attention aux paroles de cette chanson. Un jour, une femme est venue me trouver pour me dire qu'elle avait trouvé le courage de quitter son compagnon qui la battait, grâce à cette chanson (elle avait plusieurs fois essayé mais n'y était jamais arrivé). Je lui ai répondu que j'étais heureux de lui avoir donné, indirectement, ce courage.

Je crois aussi fermement que nous artistes, avons cette obligation de dénoncer de tels faits. Il ne s'agit pas de se contenter de chanter des chansons d'amour, il faut aussi qu'on prenne nos responsabilités.


•  L'écriture d'une chanson qui traite des problèmes de la vie de tous les jours est à déconseiller  ? Si oui, quelles raisons obligent de ne pas en écrire ? Est-ce que l'inspiration pour ce type de chansons vient plus difficilement ?

Il faut écrire de tout. Les problèmes nous environnent : pauvreté, violence, guerre, l'exploitation des petits pays par les grands…Cela devrait être plus facile d'écrire sur ces sujets. Du moins, je crois que pour moi, ce serait plus facile. Mais bien sûr, il faut vivre avec son temps : il n'y a pas plus de chansons de ce type car cela n'intéresse pas la majeure partie des auditeurs et que ce n'est pas commercial. Un album devrait offrir des thèmes d'amour, de réflexion, de l'humour…


•  En plus d'être interprète, tu es aussi compositeur /auteur, comment se décide, en règle générale, des chansons qui vont figurer sur un album (quand on a plusieurs auteurs/compositeurs dans un groupe) ?

Lors des sessions de studio, les musiciens qui le souhaitent proposent leurs chansons. On les écoute et on choisit de travailler telle ou telle parce qu'on pense qu'elle aura du succès.


•  Es-tu friand de nouvelles technologies (tant au niveau de la musique que de la vie de tous les jours : téléphone, ordinateur, télévision…)

J'utilise l'ordinateur surtout pour la musique, et je m'intéresse aussi aux derniers gadgets qui sortent. Mais j'avoue que je ne consulte pas ma boîte de mails fréquemment.


•  Tu étais leader de 509, que veut dire ce terme ? Quel était ton rôle ?

Le maestro fait tout ce qui est en son pouvoir pour faire avancer son groupe. Il prend certaines décisions (faciles ou difficiles). Sur scène, il décide des morceaux à jouer. A l'époque de 509, j'étais promoteur, producteur, animateur, membre du management, chanteur… Bref, je faisais tout !


Tu viens d'intégrer Zenglen (décembre 2006), comment te sens-tu dans ce groupe très connu ?

Je m'y sens bien. Je suis dans une phase d'adaptation (tout comme cela a été le cas dans 509 après NYAS). Jusqu'à présent tout va bien. J'ai été bien accepté, par les membres du groupe et par le public, et je souhaite que ça soit pour de bon. Toutefois, je sais que j'ai encore du pain sur la planche. Ce n'est pas encore ce que je veux mais j'y arriverai si Dieu continue à me donner la santé et le courage.


Pourquoi Zenglen ? (pour quelles raisons ?)

Vraiment je ne sais pas. C'est un concours de circonstances. Nous étions déjà amis par le passé et quand ils ont fait appel à moi, le courant est passé immédiatement (au niveau des musiciens et au niveau du public) m'ont-ils dit. Comme quoi on ne sait jamais dans la vie, car jamais je n'aurais imaginé intégrer Zenglen un jour.


Depuis cette intégration comment as-tu « ressenti » le public, les fans du groupe ?

Voir réponse précédente.


Comment avance ton album solo ?

J'ai du le mettre de côté pour le moment, car je donne la priorité à Zenglen. Ils préparent un album également et qui sait peut-être y trouvera-t-on une de mes compositions. Quand Zenglen sera au point, avec moi en tant que chanteur, je m'occuperai de mon album sur lequel je m'étais déjà penché. Quand l'album de Zenglen sera sur le marché, il faudra compter avec mon album dans les 6 mois qui suivent. J'ai envie de faire cet album.


Penses-tu y intégrer quelques « touches personnelles » de musiciens de Zenglen, maintenant que tu en fais partie ? Est-ce que ce sera un plus pour cet album ?

Oui, d'ailleurs il en était déjà question bien avant que je ne sois membre de Zenglen. Richie a joué de la batterie dans certaines de mes chansons, il est artiste invité dans une chanson. El Pozo et Eddy sont également présents ; tout comme Nickenson Prud'homme qui a travaillé sur 3 de mes chansons.


Es-tu coutumier des forums internet ? Prêtes-tu attention aux remarques qui y sont faites à ton sujet ?

Je n'y vais pas souvent. On y trouve du bon comme du mauvais. Je veux être apprécié pour qui je suis et non pas être obligé de changer radicalement pour plaire aux gens.


Es-tu soucieux de ton apparence ?

Oui le métier d'artiste l'oblige, mais autrement j'aime bien être simplement à l'aise dans ce que je mets.


As-tu déjà rencontré des fanatiques très « passionnées » ? Comment gères-tu ces relations ?

Oui, j'en ai connu. J'essaie de leur faire comprendre qu'il y a des limites. Certaines fois, on peut s'attendre à tout. J'adore mes fans et je ferai tout ce qui est possible pour leur plaire, car sans fans il n'y a pas de Kenny.

Lana pour AntillesCompas, 19 février 2007


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